Une brève histoire du chanvre

L’HISTOIRE DU CHANVRE

Le chanvre a certainement été la première plante domestiquée par l’être humain, que ce soit pour la robustesse de ses fibres, les apports nutritifs de ses graines et les propriétés médicinales que renfermait cette plante.

Ainsi, on trouve des traces de son utilisation dès le Mésolithique puisque des céramiques européennes, chinoises et japonaises datant d’environ 8000 avant Jésus-Christ, étaient pour certaines décorées de représentations de plantes de chanvre.

C’est à l’Antiquité que le chanvre est mentionné pour la première fois pour ses vertus thérapeutiques ; l’huile de chènevis était utilisée pour soulager les inflammations vaginales (papyrus Ebers, rédigé en 1500 avant J.-C.).

Le plus ancien traité de matière médicale chinois, Shennong bencao jing, dont la rédaction daterait du début de notre ère, classe le cannabis parmi les drogues de catégorie supérieure destinées à prolonger la vie (« alléger le corps comme celui d’un immortel chevauchant les nuages »).

Au IIIe siècle, à l’époque des Han occidentaux, le chirurgien Hua Tuo opère sous anesthésie grâce à l’usage médical du chanvre.

L’usage textile du chanvre trouve quant à lui ses origines en Chine dès 600 avant J.-C.

À l’Antiquité, les peuples germaniques cultivaient le chanvre pour fabriquer, à partir des fibres, vêtements, voiles et cordages.

L’usage du chanvre à titre de conservateur dans les bières et cervoises daterait aussi de l’Antiquité.

Au Moyen-Âge, l’empereur Charlemagne, ayant bien compris que le chanvre était une denrée stratégique au vu de ces nombreuses utilisations, encourage fortement la culture de cette plante.

Dans le même temps, les Arabes perfectionnent la technique de fabrication du papier à partir des fibres de chanvre. Ce papier devient le support de rédaction de manuscrits, dont le Coran, de textes scientifiques, littéraires et philosophiques.

Le papier de chanvre sera choisi pour l’impression de la première Bible de Gutenberg au XVe siècle, mais aussi pour la rédaction de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis en 1776.

Au XVIIIe siècle, aux Etats-Unis, la culture du chanvre était d’ailleurs obligatoire pour tout agriculteur américain.

Au XIXe siècle, le médecin irlandais William Brooke O’Shaughnessy découvre les bienfaits médicaux du cannabis alors sous forme de teinture (extrait alcoolique) et popularise alors son usage en Angleterre pour soulager les douleurs des malades du choléra, du tétanos et de la rage notamment.

En Europe, tout comme aux Etats-Unis la teinture devient l’un des médicaments les plus vendus dans les pharmacies.

Dans les années 1920 et 1930, durant la Prohibition, le cannabis n’est alors pas illégal et il envahit le marché américain. Le lobby puritain et les autorités mettent alors en place des campagnes de sape, soutenues par les industries pétrochimiques, textiles, pharmaceutiques et papetières.

D’ailleurs, en 1930 Harry J. Aslinger est nommé au Federal Bureau of Narcotics. Très proche de la compagnie pétrochimique Dupont de Nemours et soucieux de les préserver de la concurrence de la fibre de chanvre, Harry J. Aslinger s’entoure des médias populaires et mène une vive bataille contre le chanvre.

C’est ainsi que le 2 Août 1937 est adoptée la Marijuana Tax Act aux Etats-Unis : tous les acteurs de la filière du chanvre se voient taxés (prescripteurs, utilisateurs, producteurs, industriels, importateurs…).

Face à cette diabolisation, au pouvoir des lobbys et à ces restrictions, la culture du chanvre disparait aux Etats-Unis.

Les effets de ces campagnes de propagande dépassent les frontières américaines, la culture du chanvre chute également en Europe.

En parallèle, en 1940, le chimiste américain Roger Adams parvient à isoler pour la première fois un cannabinoïde du chanvre, le cannabidiol (CBD).

En 1964, le chimiste israélien Raphael Mechoulam isole le tétrahydrocannabinol (THC).

En 1968, Richard Nixon axe une majeure partie de sa campagne sur la lutte contre la drogue. C’est ainsi qu’en 1970, avec la loi « Controlled Substances Act », il interdit l’usage mais aussi les études sur l’ensemble des drogues, dont le cannabis.

En 1988, à l’Université de St Louis aux Etats-Unis, Allyn Howelett et le pharmacologue moléculaire William Anthony Devane découvrent que des récepteurs de type neurotransmetteurs présents dans le cerveau des mammifères répondent aux composés trouvés dans le cannabis, ce sont les récepteurs endocannabinoïdes. Ils déterminent également que ces récepteurs régulent l’ensemble de notre corps.

En 1992, à l’Université hébraïque de Jérusalem, le chimiste analytique tchèque Lumir Hanus et William Anthony Devane mettent à jour la structure de l’anandamide, un neurotransmetteur cannabinoïde endogène.

En 1996, la Californie devient le premier Etat américain à légaliser le cannabis médical.

En 2003, le CBD est breveté en tant que neuroprotecteur par le gouvernement des Etats-Unis.

En 2013, le cas de Charlotte Figi, jeune fille du Colorado, est traitée grâce au CBD d’une forme grave d’épilepsie infantile. Son histoire touche le monde entier et contribue à la valorisation du cannabis médical.

En 2018, la FDA (Food and Drug Administration) autorise le premier médicament à base de CBD, l’Epidiolex, pour traiter le syndrome de Dravet et le syndrome de Lennox-Gastaut, des

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